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Laïa Jufresa : Umami

Résumé : Umami explore les vies des habitants d’un lotissement de la ville de Mexico, renvoyés chacun à ses propres blessures par la disparition d’une petite fille. C’est Ana, sa grande sœur, qui mène la danse : Ana voudrait vivre mais le poids de la peine des adultes, l’ennui d’un été qui n’en finit pas et son propre chagrin l’en empêchent. Aidée d’Alfonso, un voisin anthropologue que la mort de sa femme a laissé hagard, elle se lance corps et âme dans un projet audacieux : planter dans l’arrière-cour de sa maison une milpa, le champ traditionnel des communautés indiennes du Mexique. À mesure qu’elle remue la terre, ratisse et plante, les habitants de ce drôle de voisinage démêlent le passé, si douloureux soit-il, pour un jour enfin renaître.


L'auteur : Laïa Jufresa est née en 1983 au Mexique. Elle passe son adolescence et ses premières années d’études à Paris puis en Argentine et aux États-Unis. Diplômée de la Sorbonne, elle termine aujourd’hui des études de graphisme et se consacre à l’écriture. En 2015 elle a été choisie par le ministère de la Culture mexicain et le British Council pour figurer dans la liste des vingt jeunes auteurs contemporains les plus importants au Mexique. Après un recueil de nouvelles, Umami est son premier roman.


Mon avis :

Poétique et tendre, une douce et agréable lecture.

Tout d'abord : pourquoi ce titre ?

Umami désigne l'une des cinq saveurs de base : sucré, acide, amer, salé et umami représente le “savoureux”.

L'umami est très présent dans le livre : l'une des maisons de nos héros porte ce nom et Alfonso, propriétaire de la maison, étudie l'alimentation pré colombienne et s'est spécialisé dans l'umami.

Voici ce qu'il en dit “l'umami se réveille en bouche, il naît au centre de la langue, la sécrétion salivaire se déclenche…”. Il faut dire qu'Alfonso a écrit un livre “culinario-anthropologique” qui s'appelle “Umami”.

Tous les personnages, Alfonso, Ana, Pina ou Marina vivent avec leurs blessures et s'entraident. Paumés mais pleins de vie, l'espoir est là, toujours présent.

À lire pour le dépaysement, la langue et l'histoire.

Je recommande moins à ceux qui aime une structure linéaire car la construction atypique du roman peut surprendre. Pas de chronologie dans les évènements, l'auteur remonte le temps et indique l'année en début pour que l'on s'y retrouve. J'ai été déstabilisée, au début, par ce procédé et le mélange des narrateurs. Puis on se coule dans cette douce histoire.

En fin de livre, on découvre un lexique qui nous décrypte les principaux termes mexicains comme “chilango”, “huipiles”, “Milpa”.

Partez au Mexique avec ce roman qui parle de saveurs, de douceurs et d'amour.


Merci aux Éditions Folio.

Le site de l'auteur


 

Rétrospective printemps 2017 : mes coups de cœur ❤️

Avant que l'été ne s'installe et que la rentrée littéraire nous inonde de nouveaux titres, voici mes coups de cœur du printemps.

À glisser dans la valise pour les vacances.


Lorraine Fouchet : Les couleurs de la vie


Antonia Hayes : La vie étoilée d'Ethan Forsythe


Jessie Burton : Miniaturiste


Naomi Wood : Mrs Hemingway


Hanne-Vibeke Holst : Femme de tête


BONNES VACANCES…

Jessie Burton : Miniaturiste

Miniaturiste
Miniaturiste

Résumé : Nella Oortman n’a que dix-huit ans ce jour d’automne 1686 où elle quitte son petit village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Homme d’âge mûr, il est l’un des marchands les plus en vue de la ville. Il vit dans une opulente demeure au bord du canal, entouré de ses serviteurs et de sa sœur, Marin, une femme restée célibataire qui accueille Nella avec une extrême froideur. En guise de cadeau de mariage, Johannes offre à son épouse une maison de poupée, représentant leur propre intérieur, que la jeune fille entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste. Les fascinantes créations de l’artisan permettent à Nella de lever peu à peu le voile sur les mystères de la maison des Brandt, faisant tomber les masques de ceux qui l’habitent et mettant au jour de dangereux secrets.

 

L’auteur

Née en 1982, auteure et actrice anglaise, “Miniaturiste” est son premier roman.

 

Mon avis

Coup de cœur pour ce livre : superbe fresque historique qui scotche le lecteur.

Direction Amsterdam au dix-septième siècle en compagnie d’une riche famille de marchands qui, sous des dehors bien rangés, mène une vie remplie de secrets.

Ce que je peux vous dire c’est qu’après avoir entamé les aventures de Petronella, Nella pour ses proches, vous aurez des difficultés à stopper la lecture.

Lorsqu’elle débarque à Amsterdam chez son époux, sa belle-sœur l’accueille très froidement. Austère et puritaine, Marin, lui laisse peu de place dans la maison. Son mari, riche marchand est peu présent. Nella est bien seule et isolée. Pour l’occuper, Johannes offre une maison miniature à sa jeune épouse en lui proposant de la meubler.

Nella fait appel à une “miniaturiste” qui réalise des objets miniatures sur commande. Quelle surprise à la réception de ces objets … tellement proches de la réalité et bien plus encore. Je vous laisse découvrir le pouvoir de ces miniatures qui vont bouleverser la vie de Nella.

Très documenté et mêlant habilement suspense, fantastique, secrets et fanatisme religieux, une lecture riche et captivante à lire absolument !

L’auteure s’est inspirée d’une maison de poupée conservée au musée d’Amsterdam.

Voici la photo de la maison de poupée originale.

 

Merci aux éditions Folio.

 

Si vous avez envie de vous plonger dans cette période, je vous conseille aussi : “Les mots notre mes mains

 

Notation :

Jérôme Leroy : Jugan

Jugan
Jugan

Résumé : En vacances à Paros, le narrateur rêve à Noirbourg. Noirbourg où, douze ans plus tôt, il a entamé sa carrière d’enseignant au collège Barbey-d’Aurevilly, «en plein Cotentin, au carrefour de trois routes à quatre voies». C’est là que débarque un beau matin Joël Jugan, ancien leader du groupe d’extrême gauche Action Rouge. Il vient de purger une peine de dix-huit ans. En prison, il est «devenu un monstre, au physique comme au moral ». Son ancienne complice Clotilde Mauduit le recrute au sein d’une équipe d’aide aux devoirs pour les élèves de la Zone. Il y croise Assia, une étudiante en comptabilité. Très vite, Assia est envoûtée par l’homme au visage ravagé.

 

L’auteur

Jérôme Leroy est né en 1964 à Rouen. Il est l’auteur du Bloc (Prix Michel Lebrun 2012) et de L’Ange Gardien (Prix des lecteurs des Quais du Polar 2015) aux éditions Gallimard et, aux éditions de La Table Ronde, d’Un dernier verre en Atlantide (2010), des Jours d’après (2015), de Sauf dans les chansons (2015) et de Jugan (2015).

 

Mon avis

Un livre choc : un véritable coup de poing. Une lecture qui ne vous laissera pas indifférent.

Immédiatement happé par ce roman, le lecteur tourne les pages rapidement, l’histoire est prenante et la plume acérée et fluide. Je l’ai lu rapidement pour ces deux raisons.

Revenons au propos : nous assistons à la confrontation entre Jugan, cet ancien révolutionnaire revenu sur les lieux de son enfance après dix-huit ans de prison et ses anciens compagnons. Joël Jugan est un monstre au sens propre car il est défiguré et c’est aussi le mal personnifié, un manipulateur qui va s’acharner sur Assia une jeune fille qui tombera amoureuse de lui. Un drame arrive évoqué dès le début du livre.

L’ancien révolutionnaire Joël a conservé ses idées et son charme malgré son apparence physique.

Violent, sombre et poétique, un roman sur un amour impossible dans un contexte de lutte sociale féroce. Des jeunes bourgeois luttaient armes à la main pour défendre les ouvriers tout en étant complices du banditisme pour trouver des armes.

On est bousculés et parfois écœurés par les actes de Jugan et on referme le livre en y pensant dans les jours qui suivent.

Une lecture à ne pas rater.

 

Merci aux éditions Folio.

 

 

Notation :

Shilpi Somaya Gowda : Un fils en or

Un fils en or
Un fils en or

Résumé : Anil est un jeune Indien qui commence des études de médecine dans le Gujarat puis part faire son internat aux États-Unis. Sa redoutable mère rêve pour lui d’une union prestigieuse. Or, depuis qu’il est petit, elle le sait très proche de Leena, la fille d’un métayer pauvre. Quand celle-ci devient une très belle jeune fille, il faut l’éloigner, en la mariant au plus vite. Les destins croisés d’Anil et de Leena forment la trame de ce roman – lui en Amérique, qui est loin d’être le paradis dont il rêvait ; et elle en Inde, où sa vie sera celle de millions de femmes victimes de mariages arrangés. Ils se reverront un jour, chacun prêt à prendre sa vie en main. Mais auront-ils droit au bonheur?

 

L’auteur :

Née à Toronto au sein d’une famille originaire de Mumbai, Shilpi Somaya Gowda est diplômée des universités de Stanford et de Caroline du Nord. Elle vit aujourd’hui en Californie.

 

Mon avis :

La rencontre de la culture indienne et américaine à travers le destin de deux jeunes : une belle évocation de la société indienne. D’un côté, Anil, un jeune homme qui part au Texas faire un stage pour devenir médecin et de l’autre, Leena jeune fille qui doit se plier aux traditions. En Inde, pour aider leurs parents, les filles subissent des mariages arrangés dans lesquels les familles parlent davantage d’argent que du bonheur de leurs enfants.

Pour le garçon, il subit d’autres types de pression : seconder sa mère et remplacer son père lorsqu’il disparaît alors qu’il est aux États-Unis pour étudier.

Chacun se bat à sa manière pour combattre les préjugés et vivre sa vie librement. Bien difficile, lorsque pour une jeune fille se marier avec un inconnu, semble normal puisque ses parents l’ont approuvé. La dictature des traditions entrave le libre arbitre de ces jeunes indiennes comme Leena. Elle se demande uniquement à quel moment son mari sera satisfait d’elle : le riz sera-t-il bien cuit ? Son linge bien repassé ? Sa belle-mère sera-t-elle contente ?

Pour Anil, la vie en tant qu’émigré est bien difficile aussi au Texas. Il doit travailler encore plus dur que les autres étudiants pour y arriver.

Ses deux destins illustrent à la fois les difficultés de la condition des femmes dans les campagnes indiennes et la difficile intégration des indiens aux Etats-Unis.

Prenant et bouleversant, une grande histoire d’amour contrariée par le poids des traditions. Le lecteur est emporté par cette fresque colorée et vibrante.

Je vous recommande cette lecture.

 

Merci aux éditions Folio.

 

Notation :